… pour les nerds de l’histoire

Des lésions osseuses comme celles provoquées par la syphilis existent déjà à l’âge de pierre, mais il y a un débat si ces lésions auraient pu être causées par d’autres maladies.

  • Rothschild, History of Syphilis, 2005

Il y avait autrefois des versions non sexuellement transmissibles de la syphilis. Au risque de tout divulgâcher : elles ont eu moins de succès!

  • Hemarajata, Revisiting the Great Imitator, 2019

On ne sait toujours pas dans quel sens la syphilis s’est répandue pendant la colonisation européenne des Amériques. La « théorie colombienne » est acceptée par la plupart des chercheur·euses. Elle suppose que la syphilis aurait été introduite en Europe par les marins revenus des Amériques après 1492. Cependant, les données génétiques récentes relancent les débats.

  • Majander, High diversity of T. pallidum strains in early modern Europe, 2020
  • Barquera, Ancient genomes reveal a deep history of T. pallidum in the Americas, 2024

Certains affirment qu’il y a suffisamment de preuves de cas de syphilis dans les manuscrits et l’art européens médiévaux.

  • Salmon, theconversation.com, 2022

Beaucoup de gens célèbres ont eu la syphilis, ce sont des histoires très divertissantes. Nous ne sortirons personne du placard ici, car nommer en public c’est honteux. Tout le monde a le droit de garder sa syphilis privée. Pour les potins : googlez-les vous-mêmes !

 

… pour les geeks de la science

Les bactéries responsables de la syphilis ont été observées pour la première fois au microscope en 1905, elles ont ensuite été nommées Treponema pallidum.

  • Schaudinn & Hoffmann, Arbeiten aus dem kaiserlichen Gesuntheitsamte p.527, Berlin 1905

Il y a eu une percée partielle dans le traitement en 1910 avec des médicaments à base d’arsenic, mais la syphilis n’est devenue curable qu’en 1940, grâce à la pénicilline.

  • Hemarajata, Revisiting the Great Imitator, 2019

Le côté obscur : malgré l’efficacité de ce traitement, des chercheur·euses américain·es ont poursuivi l’étude « Tuskegee Study of Untreated Syphilis in the Negro Male ». Au cours de cette étude, des hommes noirs atteints de syphilis ont été délibérément laissés sans traitement, y compris après l’introduction de la pénicilline, dans le but présumé d’observer l’évolution naturelle de la maladie. De surcroît, ces hommes ignoraient le diagnostic et pensaient recevoir des soins. Alors, qu’en réalité, ils servaient de cobayes humains. Cela constitue un exemple flagrant du racisme médical institutionnel de l’époque. L’étude n’a été arrêtée qu’après le tollé général dans les années 1970 et l’établissement de normes plus strictes en matière d’éthique de la recherche. PAS FIÈR·ES.

  • CDC, The Untreated Syphilis Study, 2024

Une bonne nouvelle : une avancée scientifique récente en microbiologie! Ce n’est que depuis les années 2020 qu’il est possible de cultiver la syphilis in vitro dans des laboratoires très spécialisés et d’utiliser cette technique pour les tests d’antibiotiques et pour les enquêtes épidémiologiques.

  • Tantalo, Syphilis antimicrobial susceptibility, 2023

En 2022, un cluster hétérosexuel de syphilis aux États-Unis a montré que certaines souches de syphilis aiment infecter l’œil. Auparavant, les médecins pensaient qu’il s’agissait d’une caractéristique du·de la patient·e (par exemple: immunodépression), mais c’est probablement faux.

  • Nettleton, A Cluster of Ocular Syphilis, 2023

Autre côté sombre : en 2024 au Luxembourg, nous avons dû enquêter sur un cluster hétérosexuel de syphilis lié à la prostitution forcée et à l’usage de drogues par voie intraveineuse. PAS FIÈR·ES.

  • Ernst, Syphilis outbreak among people who use drugs, ESCAIDE 2024

L’épidémiologie de la syphilis est compliquée et peu fiable. Il semble assez facile de compter le nombre d’infections, mais une maladie difficile à diagnostiquer, des tests sanguins difficiles à interpréter et une stigmatisation difficile à surmonter empêchent le compte précis des transmissions. L’augmentation du nombre d’infections jusqu’en 2024 et la fréquence relative au Luxembourg sont probablement réelles.

  • Luxembourg Times 18/3/2025, Rtl.lu 17/3/2025

… pour les freaks de la santé

La syphilis se transmet par voie sexuelle. Les préservatifs aident, ils réduisent le risque, même si ce n’est pas du 100 %.

Le temps d’incubation est la période silencieuse sans symptômes entre le rapport sexuel et les premiers signes de maladie. Pour la syphilis le temps d’incubation est de 1 à 3 mois.

La syphilis primaire est définie par un « chancre », le point d’entrée de la syphilis dans le corps : une plaie sur les organes génitaux, à l’anus ou à la bouche qui met quelques semaines à guérir.

La syphilis secondaire survient en l’absence de traitement. Les principaux signes sont des éruptions cutanées
occasionnelles.

La syphilis tertiaire est historique : elle ne survient que si elle n’est pas traitée pendant plusieurs décennies.

Une fois que nous avons été en contact avec la syphilis, la plupart des tests sanguins restent positifs à vie. Cela ne signifie pas que nous avons toujours la syphilis ou que nous sommes contagieux·ses. Cela signifie simplement que notre système immunitaire a produit des anticorps mesurables contre la syphilis. Malheureusement, cela ne signifie pas que nous sommes protégé·es : malgré la présence d’anticorps, nous pouvons attraper la syphilis plusieurs fois.

La seule partie du test sanguin qui change de manière fiable après le traitement est appelée VDRL ou RPR.

Si ces chiffres vont dans cette direction au fil du temps, vous êtes bon !

1/64 🡪 1/32 🡪 1/16 🡪 1/4 🡪 1/2 🡪 1 🡪 0
64 🡪 32 🡪 16 🡪 4 🡪 2 🡪 1 🡪 0

Si c’est dans l’autre sens ou si vous avez des symptômes : contactez votre médecin !

Souhaitez-vous faire le test ? Demandez à votre médecin ou consultez le calendrier de dépistage des IST (infections sexuellement transmissibles) de la Croix-Rouge!